WAT CHET YOD (Le) ou WAT PHOTHARAM MAHA VIHARN
Wat Chet Yod (Le) ou Wat Photharam Maha Viharn
Wat Chet Yod (Le) ou Wat Photharam Maha Viharn
... et aussi ... Wat Bodharam Maha Viharn
(Le Wat de l'arbre sacré et du grand Viharn)
วัด เจ็ด ยอด - วัด โพธารม มหา วิหาร
Photo 2 : La face Est du Chet Yod.
Photo 3 : Le supérieur du monastère (เจ้าอาวาส) en 2013 : Chao Awat Phra Thep Priyati (เจ้าอาวาส พระเทพปริยัติ)
Adresse : Le Wat Chet Yod possède trois entrées, une à l'Est et les deux autres au Sud, qui chacune donne sur un parking. Mais les parkings ne communiquent pas entre eux. Le plus pratique est d'arriver par l'Est.
Entrée Sud 1 : A partir de l'angle Nord-ouest prendre la 1004 en direction de l'université, puis au 1er carrefour prendre à droite la 11 dite super Highway allant sur Lampang. Après la station service tourner à gauche.
Entrée Sud 2 : Même parcours que précédemment et 20 mètres après la première entrée il y a ... la seconde. La rue s'appellerait Photaram (โพธารม) ... mais le panneau est aux abonnés absents.
Entrée Est 3 : Cette entrée se prend à partir de la porte Chang-Phuak. Elle donne aussi rue Photaram (โพธารม) et se termine sur un très grand parking.
Téléphone : 0-5324.8604 .-. 0-5324.8706 .-. 0-5324.1466
Le Wat Chet Yod est l'un des neuf temples qui constituent le mandala de la ville de Chiang-Maï ; c'est aussi le temple qui correspond au signe astrologique du cycle duodénaire (signes chinois) du serpent, Pra Djam Pi-Ma-Sègn (ประจำปีมะเส็ง) et, par voie de conséquence au 6ème chapitre de ''Wessandorn, le prince charitable'' le 547ème jataka (conte bouddhique) intitulé ''la petite forêt'' ou Chulaphon (จุลพน).
Intérêt : ♥♥♥♥♥
Le Wat Chet Yod aurait été construit à partir de 1455/1456 ?!...
C'est un temple atypique, et unique au Lanna et en Thaïlande dont l'aura et le rôle qui a été le sien, et qui l'est encore, échappe à nombre de visiteurs. Pour ces raisons il mérite les quelques explications qui suivent avant de commencer la visite.
Le Wat Chet Yod fut en son temps l'un des substituts du temple de la Mahā bodhi vihāra de Bodh-Gayâ qui s'élevait en Inde, dans l'état du Bihar à une centaine de kilomètres de la ville de Patna.
Un temple qui fut saccagé, voire rasé, par les armées musulmanes au cours du XIIe siècle et qui a vraiment resurgi de ses ruines avec l'arrivée des anglais et concomitamment les travaux de différentes délégations birmanes à partir de la fin du XIXe siècle. (Les birmans intervinrent bien avant le XIXe siècle, et à plusieurs reprises, mais c'est à partir de la fin du XIXe siècle que le temple allait devenir ce qu'il est aujourd'hui.)
Au XIIIe siècle, en 1234, le journal d'un pèlerin tibétain, Dharmasvamin, révèle qu'il n'y avait alors dans le temple de la Mahā bodhi (1) que ... quatre moines ?!.... C'est dire ce qu'il était devenu !...
Le temple de Bodh Gaya aurait vu le jour sous le règne de l'empereur Asoka (-269/-232 av. J.C.). Son objet était alors d'immortaliser l'épisode fondateur du bouddhisme, c'est-à-dire ... l'éveil du bouddha. Sans éveil, le bouddha n'a aucun sens. Il n'est ''Rien''. L'éveil est pour les bouddhistes ce que la crucifixion est pour les chrétiens.
Cet ''éveil'' ou ''illumination'' eut lieu non loin de la ville d'Uruvela, là où s'élevait un ''pippal'', (2) un arbre dont la particularité de l'espèce est de pousser en solitaire ; au pied de cet arbre un homme était venu déposer quelques brassées d'herbes Kha, comme pour constituer un coussin de verdure.
Siddharta le futur Bouddha, conformément à sa mission, après avoir fait sept fois le tour de cet arbre, alla s'asseoir sur le tapis d'herbes fraîches. Puis faisant face à l'est il prit la position de lotus, et entra en méditation.
La nuit tomba et à l'aube, après trois veilles et les assauts avortés de Mara, la personnification du tourbillon des passions, attaché au samsāra, (3) le ''Bodhissattva'' était devenu un ''Bouddha parfait et accompli''.
C'est ce décor naturel, composé d'un pippal et de quelques brassées d'herbes, qui après l'éveil va prendre le nom de ''trône de sagesse'', ''trône adamantin du suprême et total éveil'' ou encore ''Vajrasana'' (4) c'est-à-dire ''trône de diamant'', qui au fil des siècles va devenir ''visuellement'' avec le talent des peintres et ''phonétiquement'', avec celui des poètes, un trône à nul autre pareil.
De ces représentations picturales ou écrites, il demeure que le pippal a été le seul et unique témoin de l'éveil du Bouddha. Alors cet arbre a carrément été identifié à l'éveil du bouddha et de ce fait il est devenu ... l'arbre de la Bodhi.
Au fil des ans, une légende s'est constituée autour de l'arbre de la Bodhi. Elle peut se résumer avec les quelques lignes qui vont suivre et qui ne manquent pas d'intérêt.
(1) Maha Bodhi se traduit par ''grand éveil''. Le mot ''Bodhi'' est tout à la fois du sanscrit et du pali qui signifie : intelligence, connaissance parfaite et révélation ; avec le bouddhisme il s'est quelque peu ''coloré'' et veut aussi dire : illumination, délivrance et état d'éveil.
(2) Le pippal ou pippul est en Inde un arbre sacré, dont on trouve le nom dans les livres saints remontant au védisme. Les Hindous voyaient en lui l'origine du dieu Vishnu de ce fait il est présent dans de nombreux temples ... hindous. Les bouddhistes vont se l'approprier, comme pas mal de rites et symboles hindous, et de ce fait on le trouve dans TOUS les monastères Bouddhiques.
Le pippal est aussi appelé le figuier des pagodes et répertorié en botanique sous le nom de ''Ficus religiosa Lin.''
(3) Le samsāra désigne le cycle des renaissances d'un individu.
(4) Le terme Vajrasana se constitue de deux mots, Vajra et asana.
Le Vajra désigne tout à la fois le diamant et la foudre. C'est l'arme d'Indra en tant que dieu de l'hindouisme. Indra appartient aussi à la mythologie bouddhique mais alors le vajra symbolise l'absence de valeur et la valeur suprême. L'une et l'autre ne font qu'un. Comme le mot ''asana'' devenu ici ''sana'' se traduit par trône, il s'agit alors du trône de la vacuité et de la pureté par excellence, le trône de la vérité et de l'état de conscience absolue, de la révélation bref !... le trône de l'illumination !...
Photo 1 : Carte situant Bodh-Gayâ dans le monde bouddhique theravada de l'ouest du Sud-est Asiatique.
Photo 2 : Le Bodh-Gayâ d'aujourd'hui ... n'est pas celui des origines. (Photo du Net.)
Photo 3 : Le Wat Chet Yod de Chiang-Maï est une ''copie'' du Bodh-Gayâ des origines. Ce qui ne veut pas dire qu'il lui a été fidèle architecturalement.
La légende de l'arbre de la Bodhi :
L'arbre de la Bodhi serait sorti de terre le jour même de la naissance de Bouddha. Trente cinq plus tard, l'homme et l'arbre seront réunis, pour ne faire plus qu'un, à l'occasion de ''l'illumination'' ou de la ... ''Bodhi''.
Puis tandis que le Bouddha va dispenser son enseignement quarante cinq ans durant, le pippal va devenir l'objet d'un culte.
Trois siècles plus tard, et trois siècles avant notre ère, le roi Ashoka, au début de son règne, ordonne d'abattre l'arbre et de le bruler. Le bouddhisme ne l'a pas encore ... ''touché''.
Ses ordres sont exécutés. L'empereur qui assiste au spectacle voit alors au travers des flammes de nouvelles pousses se déployer.
Bouleversé, il fait tout arrêter, et va en personne tout faire pour sauver l'arbre au point de délaisser son épouse, Tishyarakshita, et de la rendre jalouse de l'arbre de la Bodhi qu'elle va ... à son tour, quelque temps plus tard, chercher à détruire ... sans succès, mais il s'en aura fallu de peu !...
La conversion d'Ashoka va entraîner celle de ses sujets et de ses enfants dont sa fille Shanghamitta qui apprenant le méfait de sa mère va prélever quelques boutures du pippal et les emporter avec elle au Sri Lanka (Ceylan). Dans cette île elle va prêcher l'enseignement du Bouddha, et planter ses/ces boutures dans la ville d'Anuradhapura alors capitale de l'île. (*)
En Inde, la tentative de destruction de l'arbre par l'épouse d'Asoka va conduire ce dernier à célébrer des rites consistant à arroser l'arbre avec de l'eau sacrée pour lui redonner vie. De là vont naître les premiers pèlerinages. Alors pour protéger l'arbre de la Bodhi des constructions seront élevées tout autour de lui.
D'après certains archéologues il se serait agit d'une dalle représentant un siège ou une table pour recevoir des offrandes et une double enceinte associée à une galerie. Hélas, à la chute de la dynastie des Maurya, les précautions d'Ashoka vont se révéler ... vaines !...
Au IIe siècle av. J.C. la dynastie des Maurya (-320/-185) est remplacée par celle des Shunga ou Sunga (-185/-73). Le roi Pushyamitra Sunga (-185/-148) n'est pas bouddhiste, au contraire, encouragé par les brahmanes que le bouddhisme avait relégués dans l'ombre, il va le combattre et détruire leurs symboles dont l'arbre de la Bodhi qui alors passera carrément de vie à trépas. Mais !....
Mais deux siècles après JC le pippal est toujours là !... grâce à des boutures qui auraient été rapportées d'Anuradhapura. A cette époque ce serait le philosophe bouddhiste Nāgārjuna (IIe/IIIe siècle) qui l'aurait emmuré pour le protéger ... des éléphants.
A la fin du VIe siècle, d'après le moine Chinois Hiuan Tsang, c'est le roi du Bengale Shasanka (Vers 590/620 ?) qui aurait fait couper le descendant du pippal mais ... celui-ci aurait repoussé de lui-même !...
Le pire restait à venir. Au XIIe siècle les envahisseurs musulmans ne font grâce a aucun lieu de culte différent des leurs, y compris à l'arbre de la Bodhi. Mais là encore le pippal va resurgir de terre !....
De toutes les destructions qui précèdent, et en faisant l'impasse sur celles à venir, ce qu'il faut retenir c'est que les constructions d'alors étaient créées pour protéger l'arbre de la Bodhi, et que les constructeurs oeuvraient pour que l'architecture ressemblât à un trône d'où s'élevait l'arbre de la Bodhi ... une reproduction en ''dur'' du ''Vajrasana'' !....
(*) D'après Sir James Emerson Tennent (1804-1869), secrétaire coloniale au Sri Lanka (1843-1850) et auteur de deux volume sur le ''Ceylan'', écrit dans son 2ème ouvrage en 1859 que l'arbre de la Bodhi d'Anuradhapura aurait eu ... 2.147 ans ?!... Je lui laisse la responsabilité de son écrit, cependant ... en 2013, si Emerson a calculé juste, cet arbre aurait fêté son ... 2.301ème anniversaire !... Un beau record de longévité !
Photo 1 : Ce plan concerne la ville de Chiang-Maï. Il date de 1820 et se trouve à la British Library, Oriental and India Office collection (OIOC) WD 1750.
Photo 4 : Carte réalisée à partir de ''Lan Na in Chinese Historiography''.
Le Wat Chet Yod et le roi Tilokarāja :
Le Wat Chet Yod a partie liée avec le roi Tilokarāja (1409-1441/2-1487). Un homme qui prit le pouvoir en déposant son père, Praya Sam Fang Kaen (1401-1441) (พรญาสามฝั่งแกน) (*) et qui pendant une dizaine d'années, de 1442 à 1452 environ, oeuvra pour redonner la stabilité au Lanna et l'agrandir de quelques muangs (petits royaumes satellites) ... dont Nan et Phrae. Après ces dix premières années, il poursuivra ses conquêtes en rêvant d'être l'égal d'Ashoka.
(*) Praya Sam Fang Kaen ou Tissarāja, le père de Tilokarāja était un roi plus proche de l'animisme que du bouddhisme. Sa déposition n'a pu eu l'air de faire de vague. La Jinakalamali (Suite de chroniques sur le Lanna) révèle qu'il adorait les démons et les génies en tout genre et qu'il leur sacrifiait volontiers buffles et boeufs. Sous son règne le Theravada Cingalais commença discrètement son oeuvre ; quant au theravada pratiqué au Lanna il n'attendait qu'une grande réforme qu'apportera Tilokarāja avec le theravada pratiqué ... précisément à Ceylan (Sri Lanka).
Ses acquisitions territoriales (Voir la carte ci-dessus) le conduiront à revoir le mandala de sa capitale, Chiang-Maï. Pour cela il agrandira l'espace sacré de la ville en créant autour d'elle, et dans chacune des huit directions, des sites particulièrement auspicieux et protecteurs. A chacun de ces espaces particulièrement sacrés sera associé un temple, existant ou non.
Ces Wats étaient censés être dotés d'une puissance surnaturelle qui devait inspirer tout autant le respect que la crainte aux ''visiteurs'' mal intentionnés et à plus forte raison aux armées ennemies. Déjà des Lions royaux ou ''rajasis'' et des éléphants phuaks dits blancs, genres d'amulettes géantes de plus de deux mètres de haut, avaient été construits sur l'axe nord de la ville pour la protéger de ses ennemis.
Dans la direction du Nord-ouest, aucun temple ne fut en mesure de satisfaire à la mission digne d'être un des ''dhaksās'' (Point cardinal) du mandala de Chiang-Maï. Alors sur les rives de la Rohini, en 817de la petite ère de l'année du sanglier (Année du Cochon) c'est-à-dire en 1455 ou 1456 ( ?) un temple d'exception va être créé ... puisqu'il va être la reproduction du Bodh-Gayâ indien. (Peut-être y avait-il des ruines d'un temple à cet endroit ?!...)
L'administration de ce temple sera confiée au Mahathera Phra Rattanapanna (มหาเถระพระรัตนปัญญา) originaire du Sri Lanka (Ceylan), un pays qui à l'époque était la référence du bouddhisme theravada contrairement au Lanna et aux horizons proches où le bouddhisme tombait en déliquescence.
Comme le roi Tilokarāja aurait planté en 1455 une pousse de l'arbre de la Bodhi venant d'Anuradhapura au ... Sri Lanka, le temple, tout naturellement prit le nom de Wat Photharam qui se dit aussi Bhotharam, en référence à l'arbre de la Bodhi.
Outre le fait de créer un nouvel espace sacré, un nouveau mandala donc, d'autres raisons, vraisemblablement, ont été à l'origine de l'édification du Wat Photharam devenu au fil du temps le Wat Chet Yod parce qu'il est hérissé de 7 flèches.
Les raisons qui auraient pu présider à la création de ce lieu pourraient être les suivantes, j'écris bien ''pourraient être'' car elles ne sont que le fruit de ma réflexion ... mais à vous d'en juger !... :
1/ Revoir le mandala de Chiang-Maï pour en faire une ville puissante et invincible en la dotant d'un Wat d'exception.
2/ Confirmer Chiang-Maï dans son rôle de centre du monde en substituant le Chet Yod à Bodh-Gayâ qui était en son temps, pour les bouddhistes, le centre du monde ?!.... (*)
3/ Egaler le roi Ashoka qui fut à l'origine des pèlerinages à Bodh-Gayâ. (**)
4/ Contrer une prophétie qui annonçait le déclin du Bouddhisme après le 2000ème anniversaire du Parinirvana ou extinction (décès) du Bouddha.
5/ Acquérir des mérites, concomitamment avec tous les actes de piété dits méritoires, accomplis.
(*) Au XVe siècle l'Inde est gouvernée par des souverains musulmans. De ce fait les pèlerins bouddhistes ont les plus grandes difficultés pour se rendre à Bodh-Gayâ.
Alors certains souverains bouddhistes vont créer des substituts à Bodh-Gayâ pour permettre à leurs pèlerins de satisfaire à leur foi.
Au Lanna, cet acte méritoire rehaussera le prestige de Tilokarāja auprès des populations de tous horizons, y comprises celles du Siam qui alors était l'ennemi intime du Lanna ?!... Bref !... les pas de Tilokarāja se confondent avec ceux de l'empereur Ashoka, la référence des références pour les Bouddhistes ... lettrés.
Quelques substituts à Bodh-Gayâ en Asie :
En Asie de tradition Mahayana :
En Chine il y aurait une dizaine de ... ''Ta Vajrasana'' dont : 1/ La pagode de Wutai Shan Zhi Ta (1434) au Shanxi. (Ce site tibétain conserve les reliques d'un moine indien.) 2/ La pagode Lanruo Ta (蘭若塔) ou Miao Lanruo Ta (1457-1467) près de Kunming au Yunnan, 3/ Le Wuta Si Ta du temple Zhenjue (1466-1473) à Pékin, 4/ le Duo Bao Fo Ta (1494-1496) (多寶佛塔) de Xiang Fan province de Hubei, etcetera ... etcetera ...
Dans la tradition Mahayana les pagodes se référant au lieu de l'éveil sont vénérées en tant que telle, le lieu lui-même et ses détails ne sont que secondaires. A noter que ces pagodes remontent aussi au XVe siècle. L'un des derniers moines bouddhistes connu à avoir visité Bodh-Gayâ aurait été Buddhagupta, fin du XVIe siècle.
En Asie du Sud-est de tradition Theravada :
En Birmanie, la Mahabodhi Paya (1218) à Pagan construite à la demande du roi Htilominlo appelé aussi Nantaungmya (1211-1234 ?) (a) - Au Lanna, le Chet Yod (1455) à Chiang-Maï - En Birmanie la Shwégu-gyi (vers 1460-1470) à Pegu (Bago) à la demande du roi Dhammacetiya (1458- ?) au Lanna le Wat Chet Yod (vers 1500) à Chiang-Raï.
Dans la tradition Theravada ce sont l'arbre et le trône qui comptent. Le temple n'est qu'une architecture pour les glorifier ou tout simplement les tenir à l'abri.
Au XVIIIe siècle il y aura aussi une nouvelle vague de construction liées au ''Vajrasana'' : (En fin de siècle les souverains musulmans vont laisser place à l'administration anglaise et Bodh-Gayâ va redevenir accessible aux pèlerins.)
Photo 1 : La Mahabodhi Paya de Pagan (1218).
Photo 2 : La pagode Wuta Si du temple Zhenjue de Pékin (1466-1473).
Photo 3 : le Duo Bao Fo Ta de Xiang Fan province de Hubei (1494-1496).
En Asie de tradition Mahayana :
En Mongolie intérieure, la pagode Tabun Subury-a (1727/1732) à Kökeqota la capitale, En Chine la pagode Biyun Si (1747-1748) à Pékin (Elle s'inspire du Wutta), et la pagode Qingjinhuacheng du monastère tibéto-mongole de Pékin (1780-1785).
En Asie du Sud-est de tradition Theravada :
Il existe aussi en Thaïlande deux autres copies de Bodh-Gayâ. L'une se trouve au Wat Phai Rong Wua (วัดไพ่โรงวัว) à Suphanburi et date de 1800, l'autre se situe au Wat Phra That Nong Bua (วัดผระธาตูหนองขัว) à Ubon Ratchathani et aurait été érigée à l'occasion du 2.500ème anniversaire du bouddhisme soit en 1957.
(a) La Mahabodhi Paya de Pagan a été construite à partir de plans qui furent rapportés par une mission envoyée vers 1120 en Inde par le roi Alaungsithu (Sithu) (1089-1112-1167) le grand-père de Htilominlo. L'objet de cette mission consistait à remettre en état le site de Bodh-Gaya. De ce fait la Mahabodhi Paya de Pagan est la plus ancienne et la plus fidele reproduction, quelque peu réduite, de l'original de Bodh-Gaya. Une deuxième mission, semblable à la première, sera envoyée à la fin du XIIIe siècle. Ce serait �peut-être- ces plans qui auraient servit au moine architecte de l'école Cingalaise Mun Dam Phra Khot (หมี่นด้ำพร้าโคต) à construire le Wat Chet Yod, voire des tablettes votives ?!...
(**) Tilokarāja ne manquait pas d'ambition, et le fait d'être comparé à Ashoka ne pouvait que flatter son égo. C'était même l'une de ses volontés. (Lire ci-dessus.)
Le 29 avril 1466/67 Tilokarāja, victime de sa mégalomanie et de ses superstitions, se fit couronner pour avoir le pouvoir d'être en mesure de ''dompter'' tout le Sud-est asiatique à l'égal du roi ... Ashoka en Inde. (Chroniques de Chiang-Maï - livre 5.)
En 1480 Tilokarāja était dispensé par le prince Lum Fā du Yunnan, représentant de l'empereur de Chine, de verser tribut à la Chine parce qu'il n'y avait pas de souverain ... ''aussi brave que celui du Lanna'' !...
C'est Tilokarāja qui décida qu'il porterait désormais ... le titre de ''Phra Chao'' (Grand et suprême prince) au lieu de ''Chao'' (Prince) ; un titre qui alors n'était réservé qu'aux images de Bouddha ?!...
Le roi du Lanna était-il devenu l'égal de Bouddha ?!...
Le Bodh-Gayâ du Wat Chet Yod de Chiang-Maï.
L'éveil du Bouddha a été suivi par sept semaines de méditation (Sattamahāthāna). Ce sont ces sept semaines qui vont constituer les différentes étapes du pèlerinage dont le ''trône de diamant'' ou ''Vajrasana'' va être le centre.
Le pèlerinage et les sites s'y rapportant :
1ère étape : Centre - 1ère semaine de méditation.
Les noms : ''Vajrasana'' - Chedi Chet Yod -
Bouddha, durant une semaine va rester sur le lieu de l'éveil en méditation. Il ne quitte pas le ''trône de diamant'' ou ''Vajrasana''.
Autrefois un ''achapala Nikhrot'' (อชปาลนิโครธ) ou ''Ficus bengalensis Linn. '' dit aussi le banian des pagodes, poussait sur le toit plat du Vajrasana. Il a été ''déraciné pieusement'' en 1910 car ses racines mettaient en péril la cohésion de la construction du trône de diamant.
Le Vajrasana ou le Chet Yod
Il se présente sous la forme d'un parallélépipède rectangle dont la largeur fait face à l'est. Une espèce de tunnel vouté de 16 mètres de long traverse cette structure en latérite, recouverte sur ses murs extérieurs par des briques stuquées qui représentaient, et figurent encore pour certaines d'entre elles, des déités.
Sur le toit plat s'élèvent 7 flèches, en fait, cinq Sikharas et deux pagodons qui n'ont rien à voir avec les sept jours de la semaine ou les sept semaines de méditation. Si c'était le cas, pourquoi ces ''Yods'' seraient-ils de formes différentes ?...
L'image de Bouddha trônant au fond de la voute traversant l'édifice correspond à la neuvième attitude : La victoire sur Māra (Māravijaya) (ปางมารวิชัย). C'est l'image de Bouddha la plus répandue ... et pour cause.
Les cinq Sikharas ont - peut-être - été construits dans le même esprit que ceux que l'empereur Ashoka fit bâtir à Patan au Népal. Encore aujourd'hui, au centre de cette ville un énorme stupa symbolise Bouddha et à l'extérieur de la ville, à chacun des points cardinaux, un stupa plus petit symbolise l'un des quatre grands épisodes de la vie du bouddha (naissance à Lumbini, éveil à Bodh-Gayâ, première prédication à Isipātana et extinction à Kusinagara.) Les images de Bouddha (statues) n'apparurent qu'un siècle plus tard environ, d'où ces sikharas chargés de symboles. ... comme ceux du Chet Yod ?!...
Mais, c'est peut-être aussi les cinq dhātus de l'éveil, c'est-à-dire la symbolisation des éléments de conscience extra-sensoriels qui ont permis à Bouddha d'atteindre l'éveil sans avoir recours à ses sens physiques.
Ces éléments de conscience correspondent à une direction à un souffle, et à bien d'autres référents, par exemple le dhātu de la vue correspond à l'Est et au Prāna pour le souffle etc ... etc..
Mais ces cinq Sikharas peuvent aussi symboliser les cinq Jinas, ou Dhyāni Bouddhas c'est-à-dire les cinq bouddhas de notre ère, Vairochana (Centre) - Amogha Siddhi (Nord) - Amitābha (Ouest) - Vajrasattva ou Akshobhya (Est) - Ratna-Sambhava (Sud). (*)
Les deux petits stupas :
Quand aux deux petits stupas restants, placés au-dessus de l'entrée du chédi ils ne peuvent que symboliser le Dharma, c'est-à-dire l'enseignement, l'unique et vraie vérité que le Bouddha a donné en héritage aux hommes, et le Sangha, c'est-à-dire la communauté religieuse des moines bouddhistes, dont l'un des rôles est de vivre ce dharma et de le prêcher.
(*) Cette chronique n'est pas écrite pour entrer dans ce genre de détails, certes importants et intéressants, mais qui nous entraineraient trop loin et hors de notre propos.
2ème étape : Nord-est - 2ème semaine de méditation.
Les noms : Animesh Lochan Chaitya (Bodh-Gayâ) - Animis Chedi - อนิมิสเจดีย
Le Chedi des yeux ouverts ou du regard fixe. Le Chedi tient son nom du fait que le bouddha, ait médité une semaine durant, à 14 pas du ''Vajrasana'' et en le fixant sans jamais cligner, ou ciller d'un oeil.
L'attitude du bouddha inquièta les dieux car ce dernier se focalisait trop sur le trône de diamant. Alors le bouddha, pour les rassurer et montrer ses pouvoirs, s'éleva dans les cieux ; de retour sur terre il fit jaillir de l'une de ses oreilles une trompe d'eau, et de l'autre une gerbe de feu.
L'image de Bouddha correspond à la onzième attitude : Le Bouddha contemplant l'arbre de la Bodhi (ปางถวยเนตร)
Nota : A noter la présence d'un chemin, pour le rite de circumbulation, autour du chédi.
3ème & 4ème étape : Nord-ouest - 3ème & 4ème semaine de méditation.
Les noms : Rattana Chakrama - รัตนจงกรมเจดีย์ & Rattana Chongkram Chedi - รตนฆรกรมเจดีย์
Le sanctuaire de la promenade des joyaux.
Le bouddha commence par aller et venir sur un promenoir constitué d'or, d'argent et de pierreries (Rattana Chakrama). Puis il va se retirer à l'intérieur d'une résidence de cristal, dite des sept joyaux (Rattana Chongkram) que les dieux du nord-ouest du pippal ont mis à sa disposition.
L'image de Bouddha correspond à la douzième attitude : La marche sur le promenoir de joyaux (ปางจงกรมแก้ว) (L'image est exacte.)
L'image de Bouddha correspond à la treizième attitude : Le Bouddha méditant dans la demeure des joyaux (ปางเรือนแก้ว) (Ici l'image n'est pas la bonne. Il s'agit de celle de la 38ème attitude : la posture du diamant (Vajrāsana) ... disons qu'elle est presque bonne.)
5ème étape : Est - 5ème semaine de méditation.
Les noms : Achapala Nikhrot - อชปาลนิโครธเจดีย์
Cette fois, le bouddha va aller méditer sous un banian (Achapala Nikhrot) situer à l'est de l'arbre de la Bodhi.
Pendant cette nouvelle semaine de méditation les filles de Māra, la personnification des passions humaines à sublimer, vont tenter à nouveaux de déconcentrer le bouddha.
Non seulement elles n'y parviendront pas mais seront transformées en de vieilles femmes repoussantes.
L'image de Bouddha correspond à la soixantième attitude : Le Bouddha rejetant Māra (ปางหามมาร)
6ème étape : Sud-est - 6ème semaine.
Les noms : Le Chedi du lac Mucalinda - มุจลินทเจดีย์ ou สระมุจจลินท์เจดีย์
Tandis que le bouddha est en méditation un violent orage éclate. L'eau tombe drue, alors au sol son niveau monte. Comme le bouddha ne réagit pas, sa méditation risque de se terminer par une noyade.
Mais le roi des nagas, Mucalinda, veille. Celui-ci va se glisser sous le bouddha, se lover sur lui-même en plusieurs anneaux mettant ce dernier mettre hors des eaux ; puis pour l'abriter de la pluie, Mucalinda va déployer son capuchon et multiplier ses têtes.
L'image de Bouddha correspond à la quatorzième attitude : Le Bouddha protégé par le roi des Nāga (Nāgarāja) (ปางนาคปรก)
Nota bene : Cette image se rapporte aussi aux Bouddhas de la semaine en général et au bouddha du Samedi en particulier. Il s'agit de Phra Nak Pok ou Pagn Nak Prok (ปางนาคปรก) ''le jour où le roi des Nāgas protège Bouddha''.
7ème et dernière étape : Sud - 7ème semaine.
Rājāyatana Chedi - ราชายตนเจดีย์
Une dernière fois le Bouddha prend place sous un arbre, qui se situe au sud du pippal ou ''Vajrasana'' et qui prendra le nom de ''Rājāyatana'' c'est-à-dire le ''royal séjour''.
Cette dernière semaine de méditation se terminera par la rencontre avec les frères Papussa et Bhallika qui jurent fidélité aux paroles de bouddha et se voient remettre, à leur demande, huit cheveux de et par le bouddha.
Les trois images de Bouddha n'ont rien à voir avec le site, sauf - peut-être - celle ou Bouddha donne un cheveu (celle de droite). J'en apporte la preuve avec la seconde photo les montrant toutes en 2007 à l'entrée du monastère.
Les lieux n'ont plus leur splendeur d'antan, mais un souffle divin continu à les habiter. Alors si l'envie vous prend de mettre vos pas dans ceux de bouddha ... n'hésitez pas à le faire !...
Nota bene : J'ai eu quelques difficultés avec la traduction française. Les mots Thaïs pour désigner les ''étapes'' de ce pèlerinage sont issus de la phonétique des mots de Bodh-Gayâ alors ils s'écrivent de trente six façons et chacune de ces ... façons se prononce de trente six manières alors !... j'ai fait au mieux !...
Le Chedi ou le Ku du roi Tilokarāja : (พระเจดีย์พระเจ้าติโลกราช) (N°8 sur le plan)
Ce Chedi n'a rien à voir avec les précédents mais il date de la même époque, 1487 très exactement. C'est à l'intérieur de ce Chedi qu'on été déposées les cendres du roi Tilokarāja (1409-1441/2-1487) ; le 10ème roi et le 11ème règne de la dynastie de Phra Chao Mengraï et, celui qui porta le royaume du Lanna à son apogée.
Après un règne de 46 ans, Tilokarāja s'éteignit à l'âge de 78 ans. Ce sera son petit-fils qui lui succédera sous le nom de Chao Yot Chiang-Raï (1456-1487-1495) appelé aussi Jamrāyaggarāja qui procèdera en 1492, cinq ans après la mort de son grand-père, à sa crémation au Wat Maha Bodha Rama (วัด มหาโพธารม) c'est-à-dire au Wat ... Chet Yod. Ce même petit-fils lui fera construire ce ''ku'', un Chedi à la mesure de la grandeur de ce roi, et pratiquement à l'endroit même où il fut incinéré. Le Chedi est aussi imposant que ceux destinés aux reliques du Bouddha ?!....
Sur la face Est du Chedi, dans une niche conçue à cet effet, repose un Bouddha assis dans la neuvième attitude, ''la victoire sur Māra'' ''Māravijaya'' (ปางมารวิชัย).
Les autres édifices de la même époque :
Le Phra Chedi Phra Kaen Chanthara (พระเจดีย์ พระแก่นจ้นทร์) (N°9 sur le plan)
Ce chédi contient une image du Bouddha Phra Kaen Chanthara, d'où son nom. Il se trouve entre l'ubosot (Uposathāgara) et le Chédi du roi Tilokarāja.
En 1511 le roi Muang Kéo, (1495-1526) appelé aussi Bilakakapanattadhirāja, fait construire un ubosot de 32 coudées de large et de 78 coudées de long. En 1522 une image du Bouddha venant du Cambodge y est installée, et en 1525 une seconde image de Bouddha, mais en bois de santal, dont la légende mériterait une chronique a elle toute seule, vient rejoindre la première.
Cette très précieuse image aurait été sculptée 7 ans avant l'extinction de Bouddha à la demande du roi Pasenadi de Kosala en Inde ; ce qui faisait qu'à l'époque, et à cinq ans près, l'image comptait 2000 ans !...
Que sont devenues ces images ?... Bouddha seul le sait. Mais lors de leur invasion en 1558 les Birmans emportèrent l'or et l'argent qui couvraient et recouvraient, tant il y en avait, les toitures des lieux et firent main basse sur toutes les images de bouddha de renom !....
Ils ont eu plus de deux cent ans pour mener à bien cette entreprise !...
Les édifices contemporains :
Ces constructions, beaucoup plus récentes, sont celles qu'on retrouve dans pratiquement tous les autres temples à quelques exceptions près.
Le grand Viharn : (N° 10 sur le plan)
C'est un Wat parmi tant d'autres, ses murs sont couverts de peintures illustrant les j?takas habituels. Elles sont signées de Nikhom Panya (นิคมปัญญา). Rien de particulier concernant la scène se rapportant au 6ème chapitre du jataka ''le prince charitable'', intitulée ''la petite forêt'' ou ''Chulaphon'' (จุลพน) que l'astrologie attribue à ce monastère.
Photo 1 : Le Viharn Chao 700 ans, et en arrière plan, l'école des beaux arts du Wat Chet Yod. (N° 17 sur le plan.)
Photo 2 : L'intérieur du Viharn Chao 700 ans.
Photo 3 : Le hall du Viharn vu de l'intérieur du Viharn Chao 700 ans.
Le nouveau Viharn (N° 11 sur le plan)
Ce ''Viharn Chao 700 ans'' (วิหารพระเจ้า๗๐๐ปี), c'est son nom, a été bâti à l'occasion du 700ème anniversaire de Chiang-Maï c'est-à-dire en 1996.
Il vaut une visite pour ses peintures murales ''Néo Lanna'' qu'avec talent Monsieur Kriangkai Muangmun (เกรียงไกร เมืองมูล) le directeur de l'école des beaux arts du Wat Chet Yod réalise en collaboration avec ses élèves depuis 2003. Les couleurs, les formes et les scènes sont autant d'éléments qui se démarquent des oeuvres traditionnelles se référant aux jakatas.
Ici, c'est la vie de tous les jours, celle des fêtes et de quelques sujets religieux, qui prennent place sur les murs du Viharn. Les scènes sont comme les témoins d'une vie en perpétuel mouvement. Les couleurs, résolument modernes, dominées par les violets, les verts, et les bleus, rajoutent à la personnalité et à l'originalité de l'ensemble.
Monsieur Kriangkai Muangmun, en plus de diriger l'école dont il est possible de visiter discrètement les classes, travaille actuellement sur une série de tableaux consacrés à la vie du roi Tilokarāja. Ces oeuvres constitueront les pièces maîtresses d'un futur musée (N° 16 sur le plan.) qui se situera au-dessus du local qui naguère était destiné à l'information.
Photo 1 : Un extrait d'une peinture murale mettant en scène une fête communautaire.
Photo 2 : Monsieur Kriangkai Muangmun (เกรียงไกร เมืองมูล) artiste peintre, concepteur des peintures murales du ''Viharn Chao 700 ans'' et directeur de l'école des beaux-arts du Wat Chet Yod.
Photo 3 : Un extrait d'une peinture murale dont le sujet est l'extinction de Bouddha.
A voir aussi !......
Photo 1 : Près du Viharn Chao 700 ans, une image de Bouddha marchand, de trois mètres de haut couvrant un socle contenant des cendres de fidèles. (N° 12 sur le plan)
Photo 2 : Le chemin du souvenir : C'est un chemin bordé de petits ''ku'' (กู) ou petits Chedis contenant les cendres de quelques fidèles. Il longe le mur sud du monastère, et conduit à l'ancienne porte du monastère. (N° 13 sur le plan.)
Photo 3 : L'ancienne porte du monastère. Son faîte n'a pas survécu !... (N° 14 sur le plan.)
Photo 4 : Le ''Viharn de l'empreinte du pied de Phra Bouddha'' (วิหารพระพุทธบาทสี่รอย). (N° 15 sur le plan.)
Conclusion :
Le Wat Chet Yod fut le fleuron des temples de la région, le temple royal du roi Tilokarāja. Il était comme le symbole de la gloire et de la puissance du souverain du Lanna.
Avec les pèlerins Tilokarāja ne pouvaient pas trouver de meilleurs ambassadeurs ou ''publicitaires'' pour le louer et le glorifier au-delà même du Lanna !...
Ce n'est pas par hasard si le Wat Chet Yod fut construit au Nord-ouest de Chiang-Maï. Astrologiquement le nord est la direction la plus auspicieuse qui soit pour les gens du Yonok, c'est le dikpala de Kuperan (Kubera) le dieu des richesses souterraines (or, argent, pierres précieuses etc ..). La porte nord est celle réservée au souverain, Dej Muang (เดชเมือง), elle est ''gouvernée'' par la lune maîtresse du temps et de la vie de chacun.
De la même manière, à l'ouest de la ville il y a la porte Suan Dok, Boriwan Muang (บริวารเมือง), la porte réservée aux religieux. Cette porte s'ouvre sur la montagne, lieu éternel de méditation. L'ouest correspond aussi à Phra Ram Peung (พระรำพืง) le bouddha du vendredi qui est celui de la 19ème attitude c'est-à-dire de bouddha en réflexion une attitude qui étrangement, à l'époque, se démarqua de l'image Cingalaise correspondante.
Conformément à ces deux rappels, Tilokarāja s'imposa tant aux hommes qu'au Sangha ; aux hommes parce que le royaume du Lanna n'avait jamais été aussi puissant et étendu ; et au Sangha parce qu'il réforma un clergé en déliquescence en s'appuyant sur la secte Cingalaise (Sri Lanka) ''Sihalabhikkhus'' considérée alors comme pratiquant le Bouddhisme le plus pur.
Ce fut aussi au Wat Chet Yod, de 1475 à 1477 durant un an, sous la présidence du Maha Thera Dhammadinna (มหาเถระธรรมดินะ) du Wat Pa Tan (วัดป่าตัน), que se tint le 8ème concile bouddhique dont l'objet était la révision des textes sacrés.
Avec le temps et l'histoire le Wat Chet Yod a perdu de son prestige et de sa splendeur mais c'est un lieu qui a conservé l'atmosphère favorable à la méditation, à la prière et à la visite respectueuse !...
Nota bene : L'entrée des lieux est gratuite, mais vous pouvez participer à leur rénovation en achetant un bloc de latérite pour ... 99 bahts.
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