ALSTONIA SCHOLARIS (L) R.Br (L’)
ALSTONIA SCHOLARIS (L) R.Br (L')
Mais aussi ….
ALSTONIA DES ECOLIERS
ARBRE DU DIABLE
DITA (*)
QUINQUINA D'AUSTRALIE
QUINQUINA D'INDE et ECORCE AMERE
… sont quelques uns des noms communs français de l'alstonia scholaris (L) R.Br.
(*) Nom vernaculaire aux philippines.
Quelques spécimens d'Alstonia scholaris (L) R.Br à … Chiang-Mai
Photo 1 : Un très vieux Alstonia scholaris en fleur derrière le marché aux amulettes.
Photos 2 – 3 & 4 : Des Alstonia scholaris en fleurs sur la berge nord, hors les murs, entre la porte Chang Puak (ประตูช้างผือก) et l'angle Chaeng Hua Rin (แจ่งห้วริน). (Pratiquement en face du Wat Lok Moli (วัดโลกโมฬี).
Quelques autres noms de l'alstonia scholaris (L) R.Br au Lanna et en Thaïlande !...
Au Lanna : Yang-Khao (ยางขาว) (ลำปาง - Lampang) – Kano (กะโนะ) (แม่ฮ่องสอน Mae Hongson et Karen กะเหรี่ยง) - Tin-pet-Khao (ตีนเป็ดขาว)
… et ailleurs en Thaïlande : Sattaban (สัตตบรรณ) ou Phaya sattaban (พญาสัตบรรณ) (avec le titre de ''Phaya'' l'arbre devient sacré.) il est aussi appelé ''ton-satta-panna'' (ต้นสัตตปัณณะ) (Centre (BKK) – Chantaburi (จันทบุรี)) - Tin-pet-Khao (ตีนเป็ดขาว) (ยะลา - Yala)
… et dans le monde : en Birmanie : lettokgalay – taung-mayo – let-pan-kha – en Inde : chātim – chetanagāch (Bengali) –sātanava (Gujarathi) - saptacchada – chattiyān – chitavana – satonā – stavana –saitāni jhāmd (Hindi) – ēlilampāla – pāla – yaksippāla – daivappāla (Mal.) - sālavīna (Marathi) – pata – saptaparma (Sanscrit) - dita (Tagalog) - ēlilappālai – pālai (Tamil) - salvin – shaitan !...
… en Indonésie : pulai – pule – rite – au Laos : tinpet - aux Philippines : dalipoen – dita – au Viet-Nam : caay mof cua – caay suwxa.
Noms botaniques au cours des siècles :
Pala de Rheede
Lignum scholare de Rumphius – 1741
Echites scholaris L. 1767
Echites scholaris (L) Mant. 1767
Alstonia spectabilis R.Br
Alstonia scholaris (L) R.Br – 1809
Echites pala Buch – Ham ex Spreng – 1824
Echites scholaris Linn. Blanco - 1837
Alstonia spectabilis Kuntz 1877 (nom non valable)
Alstonia Kurzii Hook. F – 1882
Pala scholaris (L) Roberty – 1953
Signification du nom:
Alstonia : le nom de ce genre est une latinisation du nom propre ''Alston''.
Pour un auteur (*) le nom de ce genre de la famille des Guayacanées, aurait été créé par l'espagnol Joseph Celestino Mutis y Bosio (1732-1808). Ce fervent disciple de Linné, médecin et naturaliste, installé en nouvelle Grenage (Colombie) suite à son expédition de 1760-1783, s'intéressa beaucoup aux variétés de quinquinas.
Le nom fut ''repris'' ou ''créé'' ( ?) en 1809 pour les uns et 1810 pour les autres, par le botaniste écossais Robert Brown (1773-1858) en hommage à son compatriote Charles Alston (1683-1760), écossais et botaniste tout comme lui.
En fait, pour rendre à César ce qui appartient à César, Robert Brown n'a fait que reprendre un nom, qui, déjà, existait dans la famille des Guayacanées, pour renommer le genre ''echites'' en hommage à son ami Charles Alston.
Robert Brown n'a donc pas composé le mot ''alstonia'', mais c'est lui qui a créé le genre ''alstonia'' de la famille des apocynacées, avec le nom créé par l'espagnol Jose Mutis.
Ce Charles Alston, médecin et botaniste, exerçait ses talents dans son écosse natale, quand en 1715, à l'âge de 32 ans, il ressentit le besoin d'aller voir ailleurs comment ses confrères remplissaient leurs charges. Pour cela il se rendit à la grande université de Leyde au Pays-Bas où il restera pendant un an, et se liera avec quelques uns de ses confrères dont son compatriote le docteur Alexander Monro (1697-1767). Avec lui, il va donner un véritable coup de fouet, dès 1716, tant aux enseignements qu'à la manière d'enseigner à l'université d'Edimbourg.
Cette même année, il se voit confier, non sans l'appui du duc de Hamilton, l'office royal de botanique et la direction du jardin royal d'Edimbourg, ''Holyrood'', qu'il conservera sa vie durant.
Il sera aussi le co-fondateur de l'école de médecine en 1726 et en deviendra le directeur.
Il va atteindre la notoriété dans le monde de la botanique en développant des principes de botaniques particulièrement ''remarquables par leur précision et surtout par leur opposition à ceux de Linné. ''
Parmi ses publications qui firent autorité il y a ''Index of the plants in the Edinburg garden'' paru en 1740 et ''Tyrocinium Botanicum Edinburgense'' édité en 1753.
Ses leçons sur la matière médicale seront imprimées dix ans après sa mort sous le titre de ''Lectures on the matéria medica, containing the natural history of drugs''.
(*) Tome 2 page 221-222 de la ''Nouvelle biographie universelle'' publiée par MM Firmin Didot frères (1882-1884) sous la direction de M. le Dr Hoefer (1854-1866).
Confirmant cette hypothèse j'ai trouvé que, dans son ''Histoire naturelle des végétaux – Phanérogames (**) – Tome 9'' Edouard Spach (1801-1879) concernant la famille des Styracées cite le Symplocos Linn. Alstonia Mutis nec R.Br. ciponima Aubl.
(**) Plantes qui se reproduisent par des fleurs ou des graines.
Photo 1 : Une planche du ''Pala Rheede'', devenu ''alstonia scholaris'' extraite du 1er volume de ''Hortus Malabaricus'' un ouvrage de Hendrik van Rheede (1636-1691) alors gouverneur du Malabar Néerlandais. Il semblerait que Robert Brown ait repris cette planche à l'occasion de sa publication en 1809.
Photo 2 : le médecin et botaniste espagnol Joseph Celestino Mutis y Bosio (1732-1808)
Photo 3 : Un portrait de Robert Brown peint par Henry William Pickersgill (1782-1875)
Photo 4 : Gravure concernant le ''Saptacchada'' ou ''alstonia scholaris'' extraite d'un ouvrage de la littérature sanskrit.
Scholaris : Le nom de l'espèce vient de ''scholare'' que Georg Everhard Rumphius (1627-1702) avait donné à l'arbre, ''Lignum scholare'', dans une édition parue seulement en 1741 soit …. 39 ans après sa mort !...
Cet homme n'a pas eu de chance, tant avec ses collectes de plantes qu'avec ses écrits, l'eau et le feu s'acharnèrent sur son œuvre. Cependant quelques unes de ses notes échappèrent à la destruction mais … ne furent publiés que bien longtemps après sa mort !...
C'est Carl Von Linné (1707-1778) qui en 1767, préfèrera le mot ''scholaris'' à celui de ''scholare''. En fait les deux mots ont pour racine commune ''schola'' et le suffixe ''re'' marque le neutre singulier tandis que le suffixe ''ris'' indique le féminin ou le masculin singulier. C'est aussi un adjectif.
''Schola'' signifie ''école'' et, ''scolaris'' scolaire. D'ailleurs sans avoir fait de latin les deux mots font penser à scolaire. Mais dans le cas présent Linné a fait le bon choix. Car si Rumphius a donné ce nom c'est parce que le bois de l'alstonia scolaris servait à faire des planchettes d'un centimètre d'épaisseur sur lesquelles écrivaient les écoliers indigènes. Ils s'en servaient alors comme les écoliers français utilisent une ardoise !...
Lorsque ces planchettes étaient recouvertes d'écritures, les écoliers rendaient la blancheur à leur planchette en les polissant au moyen de feuilles de figuier !...
(L) : est la norme abréviative de Carl Von Linné, un médecin suédois passionné de botanique. Sa passion l'a conduit à entreprendre une classification des plantes. Alors ce (L) indique qu'il avait répertorié cet arbre sous le nom de Echites scholaris que Robert Brown rebaptisa … Alstonia scholaris.
Photo 1 : Une gravure extraite de l'ouvrage ''la flore des Philippines'' (Flora de Filipinas) datée de 1880 et représentant un ''échites scholaris Linn. Blanco'' que Charles Brown avait renommé en 1809 ''alstonia scholaris.''.
Francisco Manuel Blanco (1778/80-1845) était un prêtre espagnol qui vécu aux philippines. Il est l'auteur de ''Flora de Filipinas '' édité en 1837 et réédité en 1845. Par la suite son œuvre fut enrichie par Celestino Fernandez-Villar (1838-1904) qui la réédita entre 1877 et 1883.
Photo 2 : Georg Everhard Rumphius (1627-1702) qui avait donné à ''l'alstonia scholaris.'' le nom de … ''Lignum scholare''.
Photo 3 : Carl Linnaeus qui deviendra après son anoblissement Carl von Linné (1707-1778).
Photo 4 : Une gravure de ''l'alstonia scholaris. ''
R.Br est la norme abréviative du naturaliste Robert Brown (1773-1858).
L'écossais Robert Brown, à 17 ans, après avoir fréquenté l'école de son village, l'université d'Aberdeen, entreprend des études de médecine à l'université d'Edimbourg, cofondée par Charles Alston en 1726, dont le nom servira à créer celui … d'alstonia'' !....
Ces études prendront fin trois ans plus tard car … ''il a des envies de voyages'' !... Pour satisfaire ce besoin d'évasion il va s'engager dans la ''Fencibles fifeshire''. Mais ce régiment n'ira pas plus loin que L'Irlande, où il stationnera des années durant ?!...
Comme à quelque chose malheur est bon, sa charge militaire de 1er chirurgien lui permet de se consacrer à sa passion qu'est la botanique.
Les travaux qui découleront de sa passion le conduiront à entrer dans la Société Linnéenne de Londres et à faire la connaissance, courant 1798, du banquier Joseph Banks (1743-1820) un très grand passionné de botanique.
A l'époque, l'expédition Matthew Flinders, financer par Joseph Banks pour aller rejoindre la Nouvelle Hollande (Australie) était en préparation.
Comme il fallait un botaniste, Joseph Banks offrit la charge à Robert Brown qui l'accepta sans hésiter. Alors en 1801 le ''H.M.Sloop Investigator'' prend le large pour un voyage de … cinq ans avec à son bord … Robert Brown !...
De cette expédition Robert Brown rapportera dans ses bagages près de 4.000 espèces de plantes, sans compter les insectes, (*) qu'il étudiera, et identifiera pour 140 d'entre elles.
En 1810 il publiera ''Prodromus Florae Novae Hollandiae'' (Traité sur la Flore de la nouvelle Hollande).
Vers la fin de sa vie, Robert Brown fut nommé le directeur du département botanique du British Muséum.
(*) Robert Brown confiera sa collection d'insectes aux zoologistes et biologistes William Sharp Macleay (1792-1865), William Kirby (1759-1850) et William Elford Leach (1790-1836), afin de les étudier et qui pour remercier Robert Brown lui dédiront quelques genres.
Photo 1 : Le ''H.M.Sloop Investigator'' partit de Spithead en Angleterre le 18 juillet 1801. Il atteindra la côte sud-ouest de la nouvelle Hollande (Australie) le 18 décembre 1801.
Photo 2 : Un portait de Sir Joseph Banks (1743-1820) peint par Sir Joshua
Photo 3 : Robert Brown (1773-1858)
La classification de l'alstonia scholaris (L) R.Br
L'alstonia scholaris (L) R.Br est une plante dicotylédone gamopétale, c'est-à-dire dont la graine donne naissance à deux feuilles primordiales, et dont la corolle de la fleur se constitue d'un seul pétale.
L'alstonia scholaris (L) R.Br du fait de sa sève ou latex toxique, dans la classification classique appartient à la famille des apocynacées ou apocyneceae ; une famille qui regroupe 1500 espèces se répartissant en 424 genres dont le genre ''alstonia''.
Pour être plus précis la classification phylogénétique APG, une autre classification des espèces, a regroupé les apocynacées avec les asclépiadacées pour constituer 5 sous-familles ; ce qui a eu pour conséquence de porter à 4.555 le nombre des espèces de ce regroupement, et à 415 celui des genres.
L'une de ces cinq sous-familles, celle des ''apocynoïdées'' regroupe 860 espèces qui se répartissent en 77 genres dont le genre ''alstonia ''.
Selon les classifications le genre ''alstonia'' compte environ une cinquantaine d'espèces qui se répartissent dans une zone pantropicale.
L'alstonia scholaris (L) R.Br serait endémique du Sri Lanka, de l'Inde, le Népal, la Birmanie, la Thaïlande dont le Lanna, le Laos, le Sud de la Chine (Guangxi et Yunnan), le Viêt-Nam, le Cambodge, la Malaisie, l'Indonésie, Timor, la Nouvelle-Guinée & Papouasie, l'archipel Bismark, les îles Solomon, et les Philippines.
Photo 1 : Deux alstonia scholaris en fleurs sur la berge hors les murs nord de la douve de Chiang-Maï.
Photo 2 : L'aire endémique de l'alstonia scholaris. D'autres variétés existent en Afrique et Amérique tropicales.
Photo 3 : Le sommet d'un alstonia scholaris en fleurs, d'au moins 20 mètres de haut, sur la berge hors les murs nord de la douve de Chiang-Maï.
Description de l'alstonia scholaris (L) R.Br :
Le tronc de l'alstonia scholaris (L) R.Br s'élance vers le ciel jusqu'à des hauteurs de 20 à 25 mètres, certains auteurs prétendent …40 ?... Ce n'est donc pas un arbrisseau.
Il n'est pas rare que le diamètre de son tronc atteigne 60 centimètres, voire plus.
Certaines de ses branches se développent comme des verticilles, y compris son tronc, c'est-à-dire qu'elles constituent une suite de segments et que des branches secondaires naissent à la jonction de ces segments à la manière des feuilles dont nous allons détailler le processus de développement dans un chapitre à suivre.
Ses ramilles (petites branches) sont à l'origine des nombreuses lenticelles (petites tâches poreuses constituant des voies respiratoires) qui couvrent son écorce.
Son écorce, dont l'épaisseur varie entre 8 à 12 millimètres, est d'un aspect rugueux du aux cannelures irrégulières qui s'y développent verticalement, ce qui en fait une écorce très fissurée.
La couleur de l'écorce varie d'un arbre à l'autre mais se cantonne dans un camaïeu de marrons/bruns clairs. Sa surface interne est encore plus claire, certains disent de couleur chamois clair ?!...
Cette écorce, dite écorce de dita, (*) fut très recherchée dès le XVIIIe siècle pour des raisons pharmaceutiques. Cette écorce est inodore, de saveur amère mais sans être acre. Elle est riche en alcaloïdes. (Nous y reviendrons)
(*) Dans l'île de Luçon, la plus grande et la plus peuplée des îles de l'archipel des Philippines l'alstonia scholaris portait le nom de ''dita''. Les espagnols s'intéressèrent beaucoup à cet arbre, de ce fait l'appellation de ''écorce de dita'' l'emporta sur toutes les autres
La feuille de l'alstonia scholaris (L) R.Br est une feuille verticillée, c'est-à-dire qui se rattache avec d'autres autour d'un axe commun et sur un même plan. D'ailleurs en langue sanskrit cet arbre porte le nom de ''sapta-parna'' dont les Siamois ont fait ''ton-satta-ban'' (ต้นสัตตบรรณ) ou ''ton-satta-panna'' (ต้นสัตตปัณณะ) c'est-à-dire l'arbre à ''sept feuilles''.
Dans les faits le nombre de feuilles en verticille varie entre 5 ou 9, mais il est vrai qu'elles sont par sept le plus souvent.
Ce sont des feuilles ovales ou oblongues mesurant entre 7 à 20 centimètres de long sur 2 à 5 centimètres de large. Elles sont brillantes et d'un beau vert en surface, et, blanchâtre sous leur dessous.
De la nervure centrale partent de nombreuses paires de nervures latérales, entre 25 à 50. Elles forment un angle de presque 90° en se détachant de la nervure centrale car elle vont rejoindre le bord de la feuille par le chemin le plus court, et non en prenant la direction de l'apex..
L'apex (extrémité) de la feuille est légèrement arrondi et son pédoncule mesure entre 1 à 3 centimètres.
La fleur de l'alstonia scholaris (L) R.Br est toute petite, environ 1 centimètre de long. Elle se présente sous la forme d'un tube de couleur blanche.
C'est une fleur monopétale, à corolle régulière dont les 5 lobes sont largement ovés. Son périanthe (calice et corolle) et son androcée (organe mâle-étamines) sont rattachés directement au pédoncule, ce qui signifie qu'ils sont sous l'ovaire de la fleur ; de ce fait c'est une fleur hypogyne.
Cette fleur est aussi hermaphrodite.
Son ovaire a deux carpelles distincts, qui sont multi-ovulé.
Ses 5 étamines à filets courts sont insérées sur le tube de la corolle et alternent avec ses lobes.
Les étamines arrivent presqu'au sommet du tube de la corolle, et sont pourvues d'anthères aiguës (sac à pollen).
Photo 1 : Lorsqu'intervient la défloraison, les fleurs d'alstonia scholaris jonchent le sol !...
Photo 2 : Gros plan de la fleur. (Photo de Barry Jago prise sur le site : Factsheet - Alstonia scholaris)
Photo 3 : Les fleurs naissent aussi en verticille, à remarquer que les feuilles sont bien au nombre de 7.
Le pédicelle de la fleur la relie, elle et ses voisines, à un pédoncule qui lui-même se rattache, avec d'autres pédoncules, à un pédoncule plus conséquent de 4 à 7 centimètres, ce qui forme des boules de fleurs ou cymes terminales, denses et quelque peu pubescentes qui les font ressembler à des ''boules de neige''.
Ces bouquets se rajoutent à d'autres bouquets ce qui forme d'énorme grappes d'inflorescence blanche parfois légèrement teintée de vert.
Le fruit de l'alstonia scholaris (L) R.Br à sa naissance ressemble à un fin haricot vert à la différence qu'il n'est pas ''seul'', mais soudé au départ de l'arbre avec un autre follicule de même gabarit, formant une espèce ''V'' inversé. C'est donc un fruit à deux follicules, étroits et allongés, ou grêles comme écrivent certains auteurs.
Ces deux follicules vont croître de conserve, et au fur et à mesure de leur croissance, qui peut les conduire à atteindre jusqu'à 30 centimètres de longueur, ils vont s'écarter l'un de l'autre.
Quand ils sont de couleur verte et qu'on les casse un lait ou latex blanc s'en écoule. C'est bien un arbre de la famille des apocynacées.
Quand ils brunissent les graines se forment ; et lorsque le fruit atteint sa maturité les follicules se séparent en deux. C'est alors que le vent dissémine les graines dans la nature !...
La graine de l'alstonia scholaris (L) R.Br n'est pas bien grande. Elle se présente sous la forme d'un tout petit rectangle aplati de couleur marron dont la longueur varie entre 3 et 5 millimètres et la largeur 1 mm 5 sur 1millimètre d'épaisseur.
Les fruits murissent et les graines s'envolent au gré des coups de vent.
Les deux extrémités des graines se terminent par une petite touffe de poils très fins dont les plus longs dépassent le centimètre.
Ce sont ces cils qui permettent aux graines de virevolter dans l'air et de se répandre sur de longues distances emportées par les courants d'air.
Photo 1 : La toute dernière graine d'une gousse.
Photo 2 : Ces graines sont retenues prisonnières dans le plateau arrière d'un véhicule qui stationnait sous un alstonia scholaris dont les graines se détachaient de leur enveloppe.
Photo 3 : Quelques graines en liberté.
Le petit plus !.... et petite pharmacopée !...
Parmi les noms qui ont été donnés à cet arbre il y a celui de … ''arbre du diable'' car, paraît-il … il serait habité par des esprits maléfiques. Alors il ne faut surtout pas marcher sous ses branches et encore moins dormir sous lui. Cela porterait malheur !...
L'occasion ne m'a pas été donnée de vérifier mais … si vous tentez l'expérience n'hésitez pas à nous communiquer vos impressions pour que les lecteurs de la présente chronique puissent en profiter.
Ah !... j'oubliais … c'est avec le bois de cet arbre qu'on confectionne les planchettes d'écolier mais aussi au Sri Lanka …. les cercueils … ce qui n'est pas fait pour faire oublier sa réputation d'arbre du diable !...
En médecine ayurvédique l'alstonia scholaris tient une bonne place via son écorce (*) ses feuilles et ses racines.
Ainsi en Inde il est employé pour guérir les diarrhées, la dysenterie chronique, l'anémie et les difficultés stomacales qui font suite aux maladies précédentes ainsi qu'à la fièvre paludéenne.
A Manille, aux Philippines, l'alstonia scholaris est utilisé comme anthelminthique ou vermifuge ''incontestable'', dixit Aristide Dupuis (1823-1883) et Oscar Réveil, (1821-1865) fébrifuge, médicament qui fait baisser les fièvres, et stimulant.
Les décoctions de ses feuilles combattent le béribéri, une maladie causée par une carence en vitamines B.
Au début du XVIIIe siècle l'écorce de l'alstonia scholaris fit concurrence au quinquina, d'ou le nom de l'arbre de … ''quinquina d'Australie'', ''quinquina d'Inde'' ou encore ''Ecorce amère''.
En 1875 Hesse et Jobst tirèrent quelques alcaloïdes de son écorce comme la ditamine, un nom qui vient de ''dita'' et, vers la même époque, Merck de la ditaïne, (**) un nom qui vient encore de ''dita''.
La ''ditaïne'' a des propriétés voisines de celles du curare, dont la toxicité a pour effet de provoquer la paralysie.
Autrement écrit, si les plantes peuvent être des remèdes naturels bienfaisants, comme par exemple l'alstonia scholaris, encore faut-il connaître les doses à ne pas dépasser pour rester en vie !...
(*) L'écorce de l'alstonia scholaris aurait un goût amer proche de celui de la gentiane.
(**) Trinidad Hermenegildo Pardo de Tavera y Gorricho (1857-1925) écrit dans son livre intitulé ''Les plantes médicinales des Philippines'' (1901) que le pharmacien Grupe de Manille, en 1883, avait extrait de l'écorce du dita une poudre qu'il a appelé ''ditaine'' ; et que le docteur Pina l'a utilisée avec succès dans le traitement des fièvres paludéennes.
Merck serait alors, non pas un particulier mais les établissements Merck de Darmstadt en Allemagne, dont l'origine remonte à 1768, et qui dès 1817 fabriqua de nombreuses préparations pharmaceutiques. Cette maison fut dès son origine en relation avec les chimistes les plus éminents et achetait leur(s) découverte(s) qu'elle faisait … brevetée(s). Elle comptait à l'époque 450 ouvriers, 28 chimistes et 180 employés.
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